Interview avec Sabrina Douglas-Jones, diplomee du MBA Management de la Mode
Publié le 15/03/2018
Interview avec l’entrepreneure Sabrina Douglas-Jones, ancienne Ă©tudiante de AVĚěĚĂ Paris. Une leçon de volontĂ©, de passion, de marketing et sens des affaires.
Pourriez-vous vous présenter d'abord? Comment avez-vous commencé votre carrière ?
Sabrina Douglas-Jones : Au dĂ©but des annĂ©es 2000, j’ai dĂ©butĂ© ma carrière en Allemagne chez Siemens et Fujitsu Siemens dans le marketing de produits. En 2006, on m’a offert le rĂ´le de Key Account Manager pour DB Schenker Ă Shanghai. Ă€ l'Ă©poque, je n’avais guère l’Asie en tĂŞte. C’était une offre soudaine et intriguĂ©e par une première visite sur place, j’ai dĂ©cidĂ© de tenter ma chance : il s’est avĂ©rĂ© que c’était l’une de mes meilleures dĂ©cisions, mĂŞme si je quittais ma ville natale, ma famille, mes amis... Mon parcours chez DB Schenker Shanghai s’est vite dĂ©veloppĂ©. Je suis devenue la plus jeune Global Account Manager au sein de l’organisation ! En 2009 et 2010, on m’a confiĂ© la responsabilitĂ© de l’ensemble des activitĂ©s Asie-Pacifique pour ce compte. Mais quelque chose me manquait. Je sentais que j’étais trop Ă©loignĂ©e des utilisateurs finaux. Mon rĂ´le Ă©tait trop abstrait, trop dĂ©tachĂ© du marchĂ©. J’ai donc dĂ©missionnĂ© et ai poursuivi des projets de terrain : consulting pour NBC aux Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver, photographie et mĂŞme bĂ©nĂ©volat dans un orphelinat en Chine. A ce moment oĂą je tentais de trouver « mon moi-mĂŞme et ma passion », je suis tombĂ© sur le MBA en Management de la Mode d’AVĚěĚĂ Paris, lequel m’a tout de suite motivĂ©. Pourquoi ? Parce que j’ai toujours aimĂ© la mode et pense aussi avoir le sens des affaires ! La mode, c'est l’innovation, elle est prĂ©sente aujourd’hui dans tous les aspects de nos vies, des vĂŞtements aux voitures ou au cafĂ©. L’idĂ©e d’étudier en partie aussi en Italie, Ă Florence, me sĂ©duisait. Les structures des cours et les modules, tout semblait correspondre Ă ce que je cherchais. J’ai pensĂ© que ces Ă©tudes m’aideraient dans ma carrière.

Sabrina Douglas-Jones avec Sissi Johnson, camarade de classe Ă AVĚěĚĂ Paris et consultante en stratĂ©gie de marques
Comment avez-vous ensuite réussi à intégrer le géant Swarovski?
Sabrina Douglas-Jones : Après mon diplôme, j’ai pensé intégrer divers secteurs. Cependant, c’est à Shanghai que mon réseau était le plus fort. J’ai passé plusieurs entretiens dont un chez Swarovski Asia. Au terme d’un processus d’évaluation assez intense, j’ai décroché le poste chez Swarovski : Senior Manager chargée de la stratégie pour l’Asie du nord, en lien direct avec le conseil d’administration. Bref, je me sentais comme une entrepreneure au sein de l’entreprise – mettant en place des projets pilote en Asie bénéficiant à l’entreprise dans le monde entier. La mise en œuvre de la stratégie portait sur deux activités majeures au sein de Swarovski : les cadeaux d’entreprise professionnels B2B et l’activité appelée Finished Jewellery Solutions. La stratégie dite Corporate Gifts était explicite et avec les bonnes agences, elle peut aboutir à une démultiplication des activités de l’entreprise. Avec l’activité Finished Jewellery, on fournit aux détaillants une solution de guichet unique afin d’augmenter les ventes au mètre carré dans le magasin, en misant sur l'image de marque de Swarovski.

Sabrina Douglas-Jones
L’essentiel, avec cette activité, était de tout gérer entre les parties prenantes en commençant par s’assurer que les licences commerciales respectives étaient en place, en positionnant les bons vendeurs dédiés, en employant de nouveaux talents, en trouvant les bons profils pour ces divers rôles. Il fallait aussi créer de nouveaux catalogues de produits, concevoir, approvisionner, fixer des prix, cibler les clients, trouver les bons canaux de commercialisation et de gérer aussi le budget des ventes. Qu’en a-t-il a été avec ma région Asie du nord ? D’autres régions ont suivi nos processus et régulièrement. Nos normes ont été souvent reprises globalement. Le meilleur de tout cela : c’est que j’ai adoré mon temps avec Swarovski, tout : les gens avec qui j’ai travaillé, les heures folles, les produits, la marque, la responsabilité que j’ai eue et enfin l'impact de mon équipe au niveau mondial. Nous l’avons fait ! Je l’ai fait.
Vous aviez dĂ©jĂ beaucoup d’expĂ©rience avant de rejoindre AVĚěĚĂ Paris. Qu'est-ce qui vous a fait penser que vous deviez rejoindre cette acadĂ©mie ? Et qu’avez-vous appris de plus dans ses murs ?
Sabrina Douglas-Jones : J’avais une carrière avant AVĚěĚĂ Paris mais qui ne m’a pas conduit lĂ oĂą je voulais. J’essayais de savoir ce qui me motivait. Je savais dès lors que l’ajout de compĂ©tences et de connaissances serait la clĂ© pour dĂ©bloquer un potentiel de plus en moi-mĂŞme. Je peux ĂŞtre très motivĂ©e par l’idĂ©e du succès mais les succès que je dĂ©couvrais Ă©taient trop abstraits. Ce processus m’a permis de mieux connaĂ®tre mes points forts : je suis très collaborative et sais dĂ©velopper un rĂ©seau. J’avais aussi le dĂ©sir de voir mon travail changer les choses jusqu’à l’utilisateur final ou client. Un tournant dĂ©cisif a Ă©tĂ© l’entretien avec le cadre supĂ©rieur d’une grande entreprise allemande de vĂŞtements qui trouvait mon profil « très intĂ©ressant mais pas assez pertinent pour ĂŞtre retenu dans le secteur de l'habillement. » Si je souhaitais travailler dans la chaĂ®ne d’approvisionnement de ce groupe, cela aurait pu ĂŞtre suffisant. Cependant, si je souhaitais travailler en première ligne, je devais changer quelque chose.

Projets réalisés à Shanghai par l’agence d’architecture et de design INDJ
Le MBA d’AVĚěĚĂ Paris m’a permis de combler mon dĂ©ficit de compĂ©tences et finalement d’aller dans la direction que je voulais. Le MBA Management de la Mode a renforcĂ© mon rĂ©seau et m’a donnĂ© les bases de la mĂ©canique de la mode, du marketing stratĂ©gique, de la psychologie du consommateur Ă la thĂ©orie du luxe. Les cours de Shanghai ont mis l’accent sur les marchĂ©s asiatiques, dynamiques et rapides. J’étais aussi maintenant dotĂ©e de connaissances gĂ©nĂ©rales mais aussi très spĂ©cifiques sur l’un des marchĂ©s les plus porteurs, celui de la Chine.
Après votre expérience dans le secteur du luxe, comment les choses ont-elles évolué? Racontez-nous aussi votre nouvelle vie d’entrepreneure !
Sabrina Douglas-Jones : Après Swarovski, mon mari et moi avons décidé de déménager en Nouvelle-Zélande pour une aventure nouvelle et différente. Nous voulions voir comment les choses se passeraient, de retour dans « le monde occidental » et voulions aussi fonder une famille. Des années plus tard, après être devenue maman d’un petit garçon plein d’énergie de 3 ans, et alors que nous sommes maintenant à la tête d’une entreprise, nous sommes de retour à Shanghai. Nous remettons les pieds en Chine pour de bon. En Nouvelle-Zélande, après 2014, nous avons créé deux sociétés. La première, SDJ Consultancy est un cabinet de conseil spécialisé sur la Chine pour les entreprises néo-zélandaises, de développement des affaires et de management du marché. Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités néo-zélandaises pour soutenir et développer cette voie commerciale très importante, de façon pertinente et efficace grâce aux canaux appropriés. Les clients avec lesquels nous travaillons sont par exemple l’Université d’Auckland ou Umbrellas Blunt.

Projets réalisés à Shanghai par l’agence d’architecture et de design INDJ
Avec mon agence, j’ai aussi collaboré avec The Icehouse (un cabinet de conseil financé par l’université et le gouvernement en faveur des PME néo-zélandaises) et en tant que coach commercial, j’ai reçu le prix Top Blog Post 2017. La deuxième entreprise est l’Atelier INDJ, un studio de design multidisciplinaire. Mon mari Ian est un designer dont l’expérience en architecture a donné au studio une solide réputation sur le marché asiatique – reconnu par Architectural Digest comme l’un des 100 architectes et designers les plus influents en Chine. Nous sommes en mesure de collaborer avec des marques prisées ainsi qu’avec des noms moins connus mais non moins formidables. Nous avons récemment commencé à travailler avec la société Greenland Group – listée dans le classement Fortune 500 – sur un certain nombre de projets résidentiels mixtes à grande échelle dans les villes de premier et de second rang.
Quel est votre rĂ´le exactement dans cette nouvelle aventure ?
Sabrina Douglas-Jones : Exploiter deux studios entre Auckland et Shanghai nécessite un esprit d’entreprise et d’être adepte des conformités, de la fiscalité, des contrats, des meilleures pratiques commerciales, pour ne nommer que quelques sujets sur lesquels j’interviens. Le design est une solution à un problème donné et dans de nombreux cas, cela signifie d’être capable de penser latéralement et d’être assez agile pour anticiper ce problème, d’être en phase avec le lieu où l’on travaille, avec la culture aussi, face à des états d’esprit parfois très différents.

Sabrina Douglas-Jones
Bref, cela signifie d’être capable de s’adapter et d’agir avec rapiditĂ©. ĂŠtre capable de changer de carrière grâce Ă AVĚěĚĂ Paris m’a Ă©tĂ© extrĂŞmement prĂ©cieux, cela m’a prouvĂ© que l’adaptation est la clĂ© de la survie en tant qu’entrepreneure exploitant plusieurs sociĂ©tĂ©s. La somme de mon expĂ©rience Ă ce jour. Les compĂ©tences et les connaissances ont Ă©tĂ© aussi la clĂ© en somme. Ă€ l’heure actuelle, nous sommes en train de planifier un projet pour Shanghai Fashion Week – le composant B2C de la cĂ©lèbre B2B Shanghai Fashion Week. Pour la deuxième fois, nous aurons planifiĂ©, conçu et assistĂ© la cĂ©rĂ©monie de l'Ă©vĂ©nement, sur plus de 3000 mètres carrĂ©s, au sein du Centre des expositions de Shanghai, sur Nanjing Xi Road. Nous avons aussi rĂ©alisĂ© de nombreux projets dans la restauration, Ă travers la Chine, comme InfraRouge Ă PĂ©kin, projet frère du Bar Rouge. Nous avons aussi plusieurs commandes directes pour des sculptures Ă grande Ă©chelle, et nous entreprenons ces temps-ci la conception de produits pour BMW Mini. Notre travail est donc vaste et variĂ© et nous restons vigilants. Bien que nous soyons en mesure de gĂ©rer un studio Ă 10 000 kilomètres – grâce Ă la technologie et aux cinq heures d’avance –, ĂŞtre de retour sur le terrain devrait nous aider Ă passer Ă la vitesse supĂ©rieure. Nous avons repris un peu de confiance en nous en revenant en Chine tout en cultivant nos graines plantĂ©es en Nouvelle-ZĂ©lande, avec une croissance commerciale gĂ©rable qui honorera le travail acharnĂ© qui a Ă©tĂ© menĂ© au fil des ans. Un dernier mot : nous dĂ©veloppons notre Ă©quipe et cherchons toujours plus de talents pour soutenir nos deux entreprises. Alors Ă bon entendeur, s’il vous plaĂ®t contactez-nous !